Lettre à l'inspectrice

Publié le par collectif44

Lettre donnée et cosignée par les enseignants d'arts appliqués lors de la réunion de "formation" aux nouveaux le programme.


Nantes, le 05 février 2010

 

 

à Mme Dominique MASSABUAU

inspectrice des Arts Appliqués

de Bretagne et des Pays de Loire,

à Mmes et Mrs les Chefs d'Etablissements,

à Mr le Recteur de l'Académie de Nantes,

à Mr le Ministre de l'Education Nationale,

 


 

 

Madame, Monsieur,

 

Au regard des quelques mois passés à appliquer le Bac Pro 3 ans, nous constatons avec regret et inquiétude que nous sommes contraints de moins approfondir les notions et les techniques de bases nécessaires. Les projets sont moins aboutis et les réalisations moins conséquentes.

L'hétérogénéité entre les élèves et les classes est encore plus marquée. Certaines classes regroupent des élèves de maturité, de motivation, de profils et de niveaux totalement différents. Par exemple, des élèves de bon niveau collège, désireux d'obtenir rapidement un diplôme, sont mélangés avec des élèves issus de 3PVP qui se trouvent par défaut dans la section. Cela entraine, tant au niveau de l'ambiance de classe que du rythme de travail, diverses conséquences qu'il semble difficile à surmonter en 84 heures environ sur 3 ans.

De plus, la réduction horaire entraîne une multiplication du nombre de classes à charge et donc de projets. Le risque est de proposer des projets de moins en moins approfondis et moins aboutis. Au niveau pratique, nous nous heurtons à des difficultés d'organisation et à une charge de travail croissante avec les différentes équipes pédagogiques. Les réunions se multiplient. Les collègues des autres disciplines ne se rendent pas toujours compte de notre situation :

  •  
    • quantité de travail en amont d'un projet,

    • quantité de projets auquel nous participons,

    • conséquence : inégalités creusées entre les classes …

 

Outre cela, peu de formations (et non animations qui ne permettent pas le remboursement des frais occasionnés et dont la participation est laissée à la volonté des directions d'établissement) nous sont proposées, notamment dans les domaines d’approfondissement, afin d'acquérir des compétences et savoir-faire nécessaires ainsi que la maîtrise des outils spécifiques à ces domaines (qui ne sont pas au programme du concours PLP Arts Appliqués). S'y ajoutent encore le manque de matériels et moyens techniques (TICE,...) ainsi qu'un budget aléatoire selon les établissements.

De surcroît, l'intégration des différents domaines artistiques et culturels du nouveau référentiel nous paraît difficilement envisageable faute de moyens mis en œuvre, de matériel mis à disposition et de budget limité (coût des intervenants, sorties...) … et cela laissé au bon vouloir et selon les priorités des établissements. La répercussion se ressent surtout pour les domaines d’approfondissement. D'ailleurs la situation géographique creuse d'autant plus ces inégalités. Selon les villes, l'accès à des évènements culturels est très rare et peu varié. Les variables sont très disparates et inégales d'un établissement à l'autre. Par exemple dans notre établissement, il faut que tous les projets soient présentés au CA qui vote et donne les accords pour les différents frais (transports...).

Ainsi les conditions, la qualité et l'égalité de l'enseignement de notre discipline se dégradent dangereusement. Et encore nous n'avons pas abordé :

  •  
    • les difficultés à suivre et à répondre aux besoins du nombre croissant des élèves en vue du nombre d'heures passées avec eux (petit calcul rapide en moyenne 24 élèves par classe vus 55 minutes par semaine, ce qui nous donne environ 2 minutes 30 par élève pour faire le point sur l’avancement de leur projet...)

    • la compétition entre collègues afin de récupérer des heures de projet (et d'enseignement d'Histoire des Arts ?)

    • le manque d'informations concernant la mise en place des évaluations : CCF

    • la mise en place de l'Histoire des Arts an lycée et collège, notamment pour les 3PVP qui devront présenter obligatoirement un oral d'Histoire des Arts au Brevet des Collèges à partir de la cession 2011

    • l’absence de directives pour le dédoublement des classes à gros effectifs (re-petit calcul rapide sur une classe de 31 élèves vus 55 minutes par semaine, cela nous donne environ 1.8 minutes par élève pour faire le point sur l’avancement de leur projet...)

    • les bacs des métiers d'Arts touchés de manière drastique environ – 4h d'arts appliqués par semaine.

Par conséquent et pour assurer un enseignement artistique et culturel de niveau à un public défavorisé (pas juste pour donner bonne conscience à certains), nous souhaitons retrouver les 2 heures par semaine, ou au moins en première et terminale, comme initialement prévu au début de la réforme afin de :

  • mettre en œuvre des projets intéressant et valorisant pour les élèves,

  • varier les projets et ouvrir à tous les domaines du référentiel..

Publié dans arts appliqués

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